On ne peut pas tout faire

Dans la vie, il faut faire des choix. On le sait, mais parfois on a beau essayer, on continue à vouloir tout faire. C'est mon cas, tout du moins. Il faut mettre des priorités. Choisir le plus important aux dépens du moins important. Réfléchir à nos objectifs à long terme, et choisir des projets qui collent avec. Oui.

Mais que faire lorsqu'on regarde nos choix possibles, et que tout est "non-négociable"? Quand tout est "top priorité"? Quand on refuse d'accepter de lâcher les choses qu'on sait qu'on devrait raisonnablement laisser tomber?

Pour ma part, je viens de mettre le doigt sur une clé importante pour débloquer ce genre de situation, et je la partage ici au cas où elle servirait également à autrui.

Il faut accepter de faire face aux émotions qui accompagnent l'abandon d'un projet ou d'une activité qu'on décide de ne pas faire. Ça peut être douloureux, suivant à quoi on renonce. Triste. Comme un petit deuil à faire.

Et si on met son énergie, comme j'ai tendance à le faire, dans la recherche de solutions pour ne pas avoir à souffrir cet inconfort ou cette peine, on se condamne à l'impasse.

Des fois, il faut avoir le courage d'avoir mal -- dans sa vie professionnelle également.

"Gamification"

On parle pas mal en anglais de "gamification", surtout dans le domaine des services web. Un exemple vaut mieux que mille explications: Foursquare. C'est un réseau social, un outil de géolocalisation, mais c'est aussi presque un jeu, avec des badges à décrocher, des records à battre, etc. C'est un outil sur lequel on a rajouté une couche ludique.

Demain, je vais "gamifier" ma journée de travail. En effet, j'ai quelques grosses tâches importantes et assez complexes qui me pèsent sur la conscience, que -- surprise! -- j'ai tendance à repousser de jour en jour.

Je vais donc utiliser la méthode Pomodoro, et découper mon temps en tranche de 30 (enfin, 25) minutes. Mais au lieu de planifier toutes mes "tomates" à l'avance, je vais mettre des petits billets dans une boîte et tirer au sort chaque fois la tâche suivante.

Comme j'ai en fait trop à faire pour la journée, et qu'une des choses qui me paralyse c'est de mettre des priorités, je règle ainsi un partie du problème -- et en plus c'est amusant! Du coup je suis plutôt motivée à l'idée de travailler alors que ces temps j'ai plutôt tendance à me traîner, voire à être paralysée et à ne pas avancer du tout.

Si vous avez vos propres "trucs" pour mettre un peu de jeu dans votre quotidien professionnel, racontez-nous ça dans les commentaires!

Quel genre d'espace coworking est l'eclau?

De retour de la conférence Coworking Europe, j'ai la tête qui fourmille d'idées concernant le coworking. C'était extrêmement intéressant pour moi de pouvoir échanger avec d'autres gestionnaires d'espaces. De comparer nos notes. Et aussi, de voir en quoi l'eclau ressemble ou ne ressemble pas à d'autres espaces coworking. Par exemple, l'eclau est un très petit espace. 100 mètres carrés, une quinzaine de membres réguliers (et on bat des records, là) -- c'est "mini" à côté d'espaces qui friment avec des centaines de membres.

Après, il faut voir ce qu'on appelle un "membre". Dans certains espaces, on peut être "membre" en payant une cotisation mensuelle de 20-30 CHF, ce qui nous inscrit sur une mailing-liste, mais ne donne pas accès à l'espace physique. Comparez ça au périple menant à l'inscription à l'eclau (et les six mois d'engagement…) -- on n'est pas dans le même "business".

Parlant de business: si environ trois quarts des gestionnaires d'espace coworking sont comme moi, c'est-à-dire qu'ils gagnent leur vie en faisant autre chose, il y en a tout de même un bon quart pour qui l'espace coworking est le gagne-pain. On apprend ça -- et plein d'autres choses intéressantes -- en consultant les résultats du 2e Global Coworking Survey annuel de Deskmag.

Côté prix, disons-le tout de suite, l'eclau fait figure d'espace extrêmement bon marché pour ce qui est de l'abonnement mensuel. A Paris, on est facilement à passé 300€ par mois (pour une formule "nomade" sans bureau fixe). Allez faire un tour sur Deskwanted pour vous faire une idée des prix. On comprend que certains arrivent à en vivre.

Maintenant, c'est clair qu'au niveau des services, ces espaces "primary business" sont extrêmement actifs niveau animation de la communauté.

Comment se positionne donc l'eclau?

  • un lieu pour travailler et être productif avant tout
  • l'occasion de briser l'isolement du freelance, sans pour autant tomber dans le réseautage effréné
  • prévu pour les indépendants plutôt que les entrepreneurs
  • centré sur des postes mobiles
  • petite communauté
  • pas cher
  • gestionnaire "first wave" (idéaliste-non-commercial)
  • des chats.

Côté animation, l'eclau a vu passer des apéros, des petits déjs, des jelly, et maintenant le lunch mensuel des coworkers (et autres si affinités -- les lunchs sont annoncés sur la page Facebook de l'eclau, si jamais). Je crois pouvoir dire qu'on a trouvé un bon équilibre entre "possibilité de bien travailler" et "possibilité de rencontrer des gens sympas/intéressants".

L'eclau est à Coworking Europe

Je suis à Paris ces trois jours pour la conférence internationale Coworking Europe. Premières impressions: conférence relax, bien organisée. Je me réjouis d'avoir cette occasion d'échanger avec plein d'autres personnes branchées coworking. Vous me trouverez cet après-midi (après 16h) dans la discussion sur les places fixes vs. le hotdesking/free-seating. Un sujet sur lequel j'ai beaucoup réfléchi dans le cadre de l'eclau, et j'ai l'intention de publier un article récapitulatif sur la question après le panel.

Il semblerait qu'on peut suivre l'audio et les commentaires en ligne live (je n'ai pas testé, j'ai le vrai live, moi).

Tâches rétrospectives

Il y a des périodes où notre liste de choses à faire ne rétrécit pas. On n'avance pas. On fait des tas de choses, mais on ne fait rien. Histoire de focaliser sur le "tas de choses" et non pas sur le "rien", il vaut la peine de rajouter à sa liste de tâches (là où l'on coche, biffe, stabilobosse...) les choses imprévues qu'on prend en cours de route. Ou que l'on ne jugeait pas dignes de figurer sur sa liste de tâches.

Du coup, de ma journée où je n'ai "quasi rien fait" (de ma liste de tâches...), je me retrouve en fait avec une liste longue comme le bras de choses que j'ai faites.

Après, reste à comprendre pourquoi il y a une telle déconnexion entre la liste de tâches et les activités réelles. Mais c'est une autre histoire

Mini-bureau fermé pour startup ou TPE à Lausanne

De temps en temps je reçois l'appel d'une personne intéressée par le coworking, mais qui voudrait un bureau fermé. L'eclau est un open space (en forme de L et avec une salle de réunion qui se ferme) et ça permet un peu plus de contacts avec les autres personnes travaillant dans le même bureau, mais ça ne convient pas à tout le monde. Dans le genre "coworking avec bureaux fermés" vous avez La Muse, dès 1000.- par mois. Plus près de l'eclau (à St.-Paul), OburO a deux pièces de 13m2 chacune pour environ 300.- par mois (la pièce). Idéal pour une petite startup, une TPE, ou un indépendant qui veut un bureau privatif!

Le bail est à remettre, mais c'est aussi possible de discuter d'une sous-location. C'est à côté de l'arrêt de bus du 9 ainsi que du LEB (et le 4 n'est pas loin), avec la Migros et la Poste à deux pas.

Faites-moi signe si vous êtes intéressé et je vous mets en contact avec Valérie.

Et n'oubliez pas, l'eclau a une offre bureaux pour startups si l'open space vous convient!

 

Going Solo: un groupe facebook pour indépendants

Il y a quelques années de cela (en 2008) j'ai organisé à Lausanne une conférence internationale d'une journée pour indépendants, Going Solo. Le thème: comment être indépendant à l'heure d'internet, dans un monde connecté. On y a abordé tout un tas de sujets: comment se faire connaître, comment fixer ses prix, comment s'organiser, comment rompre l'isolement du travailleur solitaire, comment gérer l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle... plein de thématiques qui vous sont familières si vous lisez régulièrement le blog de l'eclau. Les vidéos sont en ligne, profitez-en!

La conférence de Lausanne fut un succès, mais j'ai fait l'erreur de vouloir "partir en tournée" avec trop vite et trop près (à Leeds). J'ai compris ensuite que j'avais en fait "épuisé mon réseau" avec la première conférence: toutes les personnes que je pouvais atteindre et qui voulaient venir à la conférence y étaient venues, et trois mois plus tard et dans une autre ville européenne, il n'y avait plus assez de monde dans mon réseau pour remplir la conférence.

J'ai donc pris la difficile décision d'annuler Going Solo Leeds et de remplacer la conférence par une rencontre plus informelle de type barcamp, SoloCamp. Et en fait, ça a super bien marché. On était une vingtaine, on a fait un tour de salle pour se mettre d'accord sur les thématiques à aborder, et différents participants ont animé les discussions qui ont suivi. On a mis le tout sur un wiki (il y a un peu de spam, désolée).

Vous savez quoi? En me replongeant là-dedans, j'ai assez envie de mettre sur pied un SoloCamp francophone à Lausanne. Ça pourrait être sympa, non?

Mais je digresse.

J'ai eu envie, juste après Going Solo et SoloCamp, de garder cette belle énergie et en faire quelque chose. J'ai tenté de lancer une liste de discussion par e-mail pour qu'on puisse continuer à échanger online, mais, mauvais timing ou mauvaise gestion, ça n'a pas pris.

Maintenant, quatre ans plus tard, avec le groupe Facebook Going Solo, ça y est. 45 personnes, des discussions actives tous les jours, du cas particulier ("qu'est-ce que je fais dans telle ou telle situation?") au général ("comment organisez-vous vos matinées?"). C'est un groupe bilingue, on y parle indifféremment anglais ou français, même si en ce moment il y a surtout de l'anglais (mais n'hésitez pas à répondre en français!) et il y a aussi bien des Lausannois(es) que des gens de l'autre bout de la planète!

Je me réjouis de vous y retrouver.

Mardi, mardi... webmardi!

Le prochain webmardi aura lieu à l'eclau le 4 septembre dès 19h. Le webmardi, c'est "une rencontre mensuelle des professionnels de l'informatique et du web de Suisse Romande". Présentation d'une petite heure, puis apéro. Sympa event pour les geeks du coin!

Le thème de la semaine prochaine c'est "OpenData, LinkedData & Smart Cities", avec une présentation par Charles (@deromemont) sur l'opendata, le linked data, les solutions techniques (SPARQL et RDF) et les applications dans l'avenir.

Ça fait longtemps que je cherche une excuse pour aller à un webmardi: la voilà toute trouvée, en offrant l'eclau pour l'héberger!

Inscrivez-vous si vous voulez venir.

Bonus! Le questions-réponses de l'interview pour le Financial Times

Bonus! Voici le questions-réponses original, en anglais, pour l'article sur le coworking dans le Financial Times. Reproduit bien entendu avec la permission de Ian.

When/why did you set up eclau?

I set up eclau in November 2008. I'd been interested in coworking for a while, and after I organized the Going Solo conference in Lausanne, other interested freelancers motivated me to actively pursue the project of opening a space in Lausanne (there were none).
How much were you driven by creating something you needed yourself?

Very much! I'd just spent about four months early 2008 working non-stop for Going Solo. I'd collapse in bed in the evening with the computer next to me, and grab it again as soon as my eyes were open. Realize at 4pm that I was hungry, still in my dressing-gown and in bed. Sound familiar?

At that point the idea of having a separate place to work seemed more attractive. Until then I'd been quite happy to stay at home and work with my cat on my lap.

I set up eclau as the workspace I wanted, and it attracts people who are looking for something similar.

What’s the mix of residents in terms of business sector/role/discipline?

A couple of developers, an architect, a translator, a music consultant, a social media consultant (me!), a communication consultant (maybe a second one soon), a language teacher...

Eclau aims to attract primarily people who are really freelancers and work solo. We have some entrepreneurial-minded people, but not many -- the space is not really designed for companies.

In a world where wifi is everywhere and people can work out of local coffee shops, why do you think co-working spaces are still popular?

In Lausanne, wifi is definitely not everywhere! A coworking space offers interaction (here in Switzerland you don't usually strike up a conversation with the person at the table next to you in the café) and calm to concentrate on work. Over time, ties are created between those who use the coworking space.Here in Switzerland, I wouldn't say coworking spaces are "still" popular. It's a very new idea for people. Swiss culture likes institutions -- the informal coworking format takes many out of their comfort zone.
Has eclau seen any good examples of collaboration or cross-pollination on projects/ideas?

Yes, definitely! A video-game entrepreneur got together with a designer to publish a magazine selling derived products from the game (this actually became the entrepreneur's main business). Two developers started a company together. A stylist and the aforementioned video-game entrepreneur moved on from the coworking space to set up their own office-shop in which they could keep their stock and display it. Coworkers also regularly use each other's professional services -- barter or invoices.
How much of a factor is social interaction for attracting people to coworking spaces?

I think it's an important factor, though I'm wary of putting the "co" before the "working". Some spaces have so much going on to feed the "social interaction" side (events, lunches, brainstorms, involving the community) that people end up not being able to work properly at the coworking space!

I think solo workers need interaction and contacts with their peers, but it doesn't have to come in massive doses. People have a chat during break, sometimes launch into a bigger conversation, get to know each other over time. It happens naturally.

L'eclau dans le Financial Times

De temps en temps il y a un article sur le coworking qui parle de l'eclau. De temps en temps avec une photo. L'autre jour, Ian Sanders m'a demandé si je pouvais répondre à quelques questions pour un article qu'il était en train de préparer. Je passe les détails, mais on s'est soudain retrouvés avec un photoshoot "dernière minute" à l'eclau la semaine dernière. Je pensais que ce serait pour illustré un petit encart consacré à chaque espace coworking mentionné -- mais non, c'est la photo qui illustre l'article!

Je vous laisse le lire ici en PDF ou bien en ligne, si vous n'avez pas peur du "register-wall" du Financial Times: The lure of the water cooler.

Premier lunch de l'eclau

L'eclau, c'est principalement un endroit où travailler, mais c'est effectivement aussi l'occasion pour nous tous de rencontrer d'autres indépendants et d'échanger un peu. Au fil des années, l'eclau a ainsi été le lieu d'apéros, de p'tits déjs, et de jellys. L'arrivée à Lausanne du pique-nique de la Muse et la présence à l'eclau d'une petite équipe de coworkers qui commence à se connaître m'ont incitées à remettre quelque chose en route -- ça commençait de toute façon à me trotter dans la tête.

Lundi a donc eu lieu, sans trop de tambours ni de trompettes, mais avec de la bonne humeur et une chouette discussion, le premier lunch de l'eclau. On a décidé de s'en tenir à une formule mensuelle, style "pique-nique canadien" (chacun apporte quelque chose à partager), le premier lundi du mois, à midi.

Le lunch est ouvert à tous: membres réguliers et occasionnels de l'eclau, amis, autres indépendants. Contactez-moi tout simplement si vous désirez venir!

Conférence Coworking Europe à Paris, 8-10 novembre 2012

Le coworking, ce n'est pas juste avoir des espaces coworking chacun dans son coin. C'est aussi un mouvement mondial, des réflexions entre animateurs ou membres d'espaces, et une conférence annuelle, Coworking Europe en Europe, qui a lieu cette année à Paris du 8 au 10 novembre. Si le coworking vous intéresse, soit que vous soyez impliqué d'une façon ou d'une autre dans un espace coworking, soit que le phénomène vous interpelle d'un point de vue évolution sociale/économique, vous avez jusqu'au 31 juillet pour obtenir votre entrée pour les 3 jours de la conférence au modeste tarif de 110€. Ce serait dommage de se priver!

Pour ma part, je ferai partie du panel qui débattra de la thématique "bureaux fixes ou hot-desking". J'ai en effet mené une réflexion de fond à ce sujet pour l'eclau et je suis ravie d'avoir l'opportunité de partager mon expérience.

Jetez un coup d'oeil à la liste des orateurs (je suis en bonne compagnie) et au programme (il y en a pour tous!), enregistrez-vous, et on se verra à Paris!

Déconnecter

J'ai déjà parlé de l'importance de prendre des vacances. Il est aussi important de déconnecter, de se débrancher d'internet, voire de la technologie. La vitesse du temps change quand on fait ça. On revient plus posé, avec plus de recul. Bien sûr, petit à petit le rythme de vie connecté revient, et on répète l'opération. Mon inspiration principale? Danah boyd, qui décroche chaque année un mois durant, tuant son e-mail durant cette période. D'autres qui décrochent? Thierry Crouzet, option "cure de désintox". Cathy Brooks, pour une pause "hygiène numérique" deux fois par an.

Pour ma part, j'ai une semaine de vacances dans le Sud de la France chaque année (peu d'électricité, pas de réseau), et mon chalet est une zone "non-travail/non-internet".

Les échanges que j'ai pu avoir sur le sujets m'ont amenée à la conclusion que le "problème" lorsqu'il s'agit de déconnecter n'est pas vraiment internet ou la connectitude en soi. C'est le travail, d'abord -- une difficulté réelle à prendre de vraies vacances où l'on ne travaille pas -- et puis l'attachement à ce rythme de vie occupé-où-l'on-court qui nous épargne l'inconfort de regarder de plus près notre vie, nos relations, nous-mêmes.

Est-ce que vous débranchez? Quand et comment?

Piques-niques de la Muse, aussi à Lausanne

Ceux d'entre vous qui lisent Climb to the Stars se souviendront peut-être qu'il y a deux ans environ, j'ai prêté main-forte à l'équipe de la Muse pour le démarrage de leur espace coworking à Genève. J'avais eu ainsi l'occasion de participer plus d'une fois aux fameux piques-niques du lundi midi, où se retrouvent habitués et nouveaux venus, réunis par des projets entrepreneuriaux et un esprit de partage. Les piques-niques de la Muse ont maintenant aussi lieu à Lausanne, le mardi midi. Si le côté réseautage du coworking vous inspire, que vous cherchez des contacts pour faire avancer vos projets, je vous encourage vivement à y prendre part.

Tuyaux pour mettre des priorités quand on est sous l'eau

Ça arrive. On n'est pas trop sûr comment, mais on se retrouve à nager, option tuba et palmes, avec une liste de choses à faire longue comme le bras et pas de temps pour souffler. On ne sait plus où donner de la tête. Voici quelques pistes pour vous aider lorsque de telles périodes se présentent.

  • Tout d'abord, facturer. Si l'on a des factures à envoyer, c'est la première chose à faire: l'argent met du temps pour rentrer, et quand on attend d'avoir besoin de cet argent pour se dire "oups, faut que j'envoie mes factures" on est déjà face à plusieurs semaines de soucis financiers.
  • Ensuite, ça se complique -- mais on se sent en général tout de suite mieux après avoir pu envoyer quelques factures. Mais disons qu'en deuxième ligne on a: (a) le travail payé (b) répondre aux demandes de clients potentiels. Là, ça dépend depuis combien de temps ça attend, et si on peut le faire rapidement ou non. C'est pas bien de faire attendre les clients potentiels trop longtemps, mais en même temps il faut pas faire attendre les clients actuels non plus! Mais c'est entre ces deux que ça se joue.

Voici quelques autres critères utiles que j'aime bien:

  • Est-ce qu'une tâche est "time-sensitive"? Par exemple, si je dois annoncer un événement, et que je repousse à la semaine prochaine, ça risque d'être trop tard. Donc, s'il y a un élément "temps" en jeu, ça fait grimper la tâche en question dans la liste des priorités.
  • Est-ce que quelqu'un attend que je fasse ça pour pouvoir avancer? Si le fait que je ne fasse pas quelque chose empêche quelqu'un de travailler, ou a besoin de mon retour pour prendre une décision, c'est aussi une tâche qui va grimper en tête de liste.
  • Quelles sont les conséquences si je ne le fais pas? Question utile. Par exemple, si je ne fais pas mes paiements aujourd'hui, quelle sera la conséquence? Si je ne renvoie pas ce contrat aujourd'hui, quelle sera la conséquence? Quels ennuis vais-je m'attirer? Plus les ennuis sont grands, plus on va prioriser la tâche.

Une autre méthode que j'utilise quand vraiment je me noie, c'est la "cringe-list". Je prends une feuille blanche et j'y déverse la liste des choses qui me font le plus frémir -- qui me stressent le plus -- et j'essaie de commencer par là.

Ce n'est pas le cas pour tout le monde, mais quand je suis stressée j'ai tendance à tomber dans la paralysie, donc dégager une ou deux tâches stressantes me détend souvent assez pour que je puisse aborder plus sereinement ce qui reste.

Une autre chose que je fais quand je n'arrive pas à décider par quoi commencer (faire mes paiements? écrire un article? avancer sur mon gros mandat?) c'est que je passe un temps déterminé sur chaque chose. Par exemple, une demi-heure, ou une heure. Comme ça j'avance "partout", et je me libère de la culpabilité de faire une chose au détriment d'une autre. Et en une demi-heure on peut faire pas mal, déjà.

Il y a aussi les conseils basiques-basiques:

  • mettre par écrit les choses à faire
  • faire une liste sous forme de "next actions", immédiatement faisables (=écrire la prochaine action à effectuer, par exemple "appeler le garagiste pour fixer un rendez-vous") et non sous forme de projets (par exemple "réparer la voiture")
  • dormir assez (c'est bon, mais quand on est stressé, on grignote sur les heures de sommeil, et du coup on est moins "en pleine possession de nos moyens" pour gérer le stress ou prendre les décisions difficiles qu'il y a à prendre)
  • prendre le temps de s'organiser, même quand on court
  • quand il y a trop, des fois il y a trop, et il faut annuler des engagements, se retirer, renoncer, dire non: mieux vaut le faire tôt que tard, et tard que trop tard.

Bon courage!

Quand le coworking cesse-t-il d'être du coworking?

Je viens de tomber sur cet intéressant article, "Coworking is Going Big Business" (via @daveg). A sa lecture, je me repose la question qui refait surface environ tous les six mois: qu'est-ce qui fait que le coworking, c'est du coworking? Quelle différence avec un bureau partagé? Et avec un business centre, ou un "centre d'affaires", comme disent nos amis québécois? Quand je regarde les espaces gigantesques dont il est question dans l'article, qui commencent à attirer de grosses entreprises qui y placent leurs employés, je finis par me demander si tout ça a encore quoi que ce soit à voir avec ce que nous faisons à l'eclau.

Tout d'abord, qu'est-ce qui différencie le coworking du bureau partagé "classique" et du business centre? Pour moi, c'est assez simple:

  • Dans le cas du bureau partagé, les frais sont partagés entre les occupants; il y a un nombre de places ou de postes fixes dans le bureau, et on cherche à les remplir pour que la division fonctionne. Quand quelqu'un part, on le remplace. On est dans une logique de sous-location de poste de travail ou de véritable colocation à responsabilité partagée, suivant comment on a choisi de s'organiser.
  • En ce qui concerne le business centre, la différence fondamentale tient dans la nature commerciale du business centre. Il s'agit de gagner de l'argent, d'être rentable. C'est un business. Le coworking, dans son esprit, est très clairement not-for-profit: c'est le côté humain et la qualité de l'environnement qui est l'objectif principal. Un espace coworking peut être rentable (quoique...), mais le souci de rentabilité reste toujours subordonné à la qualité de l'expérience offerte aux coworkers. Je crois fermement que lorsqu'on essaie de rendre le coworking rentable, on court grand risque d'en perdre l'esprit et de finir par gérer un business centre.

Revenons une seconde sur cet "esprit" du coworking. On se souvient qu'à la base, le coworking, c'est une solution "grassroots": des indépendants, las de travailler dans les cafés, se disent: et si on faisait notre propre lieu, où on pourrait travailler, et où d'autres comme nous pourraient aussi, sans casser la tirelire? C'est un élan de pair à pair, avec un esprit d'ouverture.

Maintenant, je trouve très bien que les grosses entreprisent réalisent que mettre des gens dans des cages durant 8h30 chaque jour n'est pas le meilleur moyen de les encourager à être productifs et créatifs. Mais quand on crée un espace qui cherche à attirer ce genre de client, est-ce qu'on est vraiment encore dans la logique du coworking? N'est-ce pas plutôt un business centre inspiré du coworking?

On a par exemple The Hub, un réseau d'espaces sous une même bannière, qui se disent du coworking mais qui, quand on regarde d'un peu plus près, sont gérés comme de véritables entreprises, faisant plutôt penser à des business centres -- avec en plus un soupçon d'exclusivité "nous, on est pas comme les autres" qui frotte à rebrousse-poil l'esprit "on est tous dans le même bateau" du coworking.

Peut-être que je suis une puriste. Il est vrai que je m'intéresse au coworking depuis ses débuts, et que je connais personnellement les deux personnes qui ont popularisé le concept et encouragé une communauté internationale à se former autour. J'ai eu la chance de fréquenter Citizen Space à San Francisco durant l'été 2007, et clairement, c'est ce la philosophie derrière ce modèle qui a influencé ma conception du coworking.

Alors allons-y, je me lance. Voici quelques caractéristiques importantes de ce que je considère être le coworking. (C'est pas normatif, hein -- qui suis-je pour dire ce qu'est ou n'est pas le coworking?)

  • Un mouvement de pairs -- par des indépendants, pour des indépendants (ou travailleurs nomades, géo-délocalisés).
  • Une logique "not-for-profit" (l'argent est un moyen, pas une fin).
  • En priorité un lieu de travail.
  • Une communauté "souple": liens faibles (similaires à ceux entre collègues) la plupart du temps, composition relativement stable mais ouverte.
  • Les coworkers ont chacun leur activité professionnelle propre mais travaillent dans un état d'esprit d'ouverture et de soutien mutuel.

En pratique, du coup:

  • Les gestionnaires de l'espace ont un statut similaire aux membres. Bien sûr, ils ne sont pas au même niveau pour ce qui est de la gestion de l'espace, sauf si cela se fait de façon coopérative ou associative, mais leur statut professionnel est semblable. Du coup, quand gérer l'espace coworking est le "sole business" des gestionnaires, on risque un décalage: l'espace coworking n'est plus "pour moi et les coworkers" mais "pour les coworkers". Ça ne veut pas dire que c'est impossible, loin de là, mais je pense que c'est un pas qui s'éloigne de l'esprit du coworking (=faire un lieu où je puisse travailler avec des gens comme moi).
  • Le rôle de l'argent, je me rends compte, est presque pour moi le critère qui permet de tracer une ligne dans le sable et de dire "ce n'est plus du coworking". Avez-vous réfléchi un peu aux finances d'un espace coworking? Le loyer, ce n'est pas donné. Si on veut rester abordable pour des indépendants (qui en général ne roulent pas sur l'or), il faut déjà un nombre conséquent de coworkers juste pour couvrir le loyer et les frais de base (électricité, internet). Alors imaginez si vous rajoutez un salaire à plein temps là-dedans! Si on veut être profitable, on augmente les prix, si on fait payer plus cher, on va soigner le cadre, mettre une secrétaire à la réception, etc. etc... bref, faire un business centre. De nouveau, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas avoir un "vrai" espace coworking au cadre léché avec quelqu'un à l'accueil, mais... on court le risque de perdre de vue l'objectif premier: offrir à ceux qui travailleraient normalement chez eux ou dans des café un lieu de travail abordable qui rompe l'isolement. Je pense qu'il est quasiment impossible de faire du coworking "profitable" sans en pervertir la nature. La plupart des espaces dont je connais un peu la situation (y compris l'eclau) tournent juste, soit que le loyer est pris en charge par un "sponsor" (université, ville), soit qu'il soit vraiment bas (c'est le cas pour l'eclau), soit c'est l'entreprise (individuelle ou non) du gestionnaire d'espace qui "met la différence", considérant cela comme des "frais de bureau" ou du "budget marketing" indirect (c'était le cas à Citizen Space).
  • Le but premier du coworking, c'est d'offrir de bonnes conditions de travail. Cela vient avec une dimension réseautage et synergies (dès qu'on met des indépendants dans la même pièce, c'est inévitable), et quand on a un espace à disposition, cela ouvre la porte à y organiser des activités communautaires -- ce qui est très bien. Attention cependant à ne pas tomber dans l'excès: quand les coworkers ne viennent plus travailler dans leur espace coworking parce qu'ils travaillent mieux ailleurs, parce que l'espace coworking est trop riche de rencontres, de discussions, d'activités, on a certes créé un environnement stimulant et riche, mais est-ce toujours un espace coworking, si on ne vient plus y travailler?
  • Ce sont les liens faibles qui ouvrent le plus de portes professionnelles. C'est bien cette réalité qui sous-tend l'efficacité du réseautage. Il n'est donc pas nécessaire pour un espace coworking de chercher à créer une communauté forte (le churn est assez important, de plus). Par contre, on va chercher quand même une certaine stabilité et harmonie dans la composition des personnes qui fréquentent le lieu (à la différence du business centre, généralement peuplé "d'inconnus") sans toutefois aboutir à un groupe aussi fort et stable qu'un bureau partagé "normal" (il y a régulièrement des nouveaux arrivants ou des visiteurs/gens de passage).
  • Last but not least, les membres d'un espace coworking sont des entités autonomes. On y trouve régulièrement des micro entreprises, bien sûr, mais l'objectif du coworking n'est pas d'associer formellement les activités professionnelles des uns et des autres. Il y a des synergies, et on croit que le partage, l'ouverture et la collaboration apporte plus que le "secret professionnel". On se rend service mutuellement, sans obligation cependant, comme des gens normaux et sympathiques. Ça crée des liens :-)

Voilà! Cet article est devenu bien long, ce n'était pas mon intention initiale! Je garde donc pour une autre fois mes idées sur ce qui caractérise l'eclau en tant qu'espace coworking. Parce qu'il y en a de toutes les formes et couleurs, des espaces coworking -- chacun est libre de décliner le mouvement coworking comme ça lui chante (et chacun est libre aussi, comme je viens de le faire, de considérer l'adéquation ou non de ces déclinaisons avec sa propre conception du mouvement en question).

Qu'est-ce qui fait le coworking, pour vous? Qu'est-ce qui le différencie des bureaux partagés et des business centres? Est-ce que les "grosses machines" du coworking réussissent à garder l'esprit du coworking, ou est-ce qu'elles le perdent en route? Je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez.

Bienvenue à Tounsi et Safran

Tounsi et Safran sur la boîte de l'eclau.jpg J'en parle depuis longtemps, c'est maintenant chose faite: j'ai adopté deux chats, Tounsi et Safran. Vous les avez peut-être déjà croisés à l'eclau la semaine dernière.

New Cats 158.jpg

La dure vie de chat de l'eclau

Comme vous le voyez, ils prennent très au sérieux leur entraînement pour devenir de bons chats d'espace coworking!

J'ai mis au bureau une petite affiche avec quelques infos, mais voici l'essentiel:

  • Safran va facilement vers les gens, essaie de grimper sur les épaules (ou au moins faire des léchouilles dans l'oreille), mais n'aime pas tellement être caressé (surtout quand ce n'est pas lui qui vient vers vous) et le fait savoir rapidement à coups de dents; s'il bat de la queue, gardez vos distances. Evitez de le porter (ou alors avec grande précaution).
  • Tounsi aime beaucoup les câlins, se laisse parfois emporter un peu et mordille (mais rarement), a tendance à manger un peu trop...
  • sorties: ils sont libres d'entrer et de sortir (fenêtres, portes) sauf indication contraire de ma part
  • tables/nourriture: ils n'ont pas encore appris ce qui se fait ou se fait pas, donc faites bien respecter votre territoire. Ne les laissez pas s'approcher de votre nourriture, et si leur présence sur votre bureau vous gêne, faites-les descendre fermement (et ne leur donnez absolument rien à manger, même pas une miette!)
  • bagarre: ces deux jeunes sont assez turbulents (quoique ça se calme maintenant qu'ils sortent) et ils n'hésitent pas à "se foutre dessus", plus par jeu qu'autre chose. Ne vous laissez pas alarmer, tant que les poils ne se hérissent pas, et que personne ne gronde ou souffle, c'est sous contrôle. C'est en général Safran qui cherche et Tounsi qui a le dessus (c'est le dominant des deux).

Si vous avez des questions n'hésitez pas à me demander -- de même si vous désirez une démonstration de comment gérer un chat qui persiste à vouloir s'asseoir sur votre ordinateur ou mettre le nez dans votre salade!

J'espère que vous aurez du plaisir à côtoyer cette présence féline au bureau, et faites-moi savoir s'il y a le moindre souci. Mais j'espère que tout se passera sans heurts :-)

Donner un bol d'air frais à son cerveau: conférence Lift et StartupWeekend

En plus de prendre des vacances, c'est aussi important de stimuler son cerveau "autrement" pour se redonner de l'énergie et relancer sa créativité. Par exemple, je vais chaque année à la conférence Lift à Genève. Ce n'est pas vraiment des vacances, et pas vraiment du travail non plus. Ça dure trois jours -- trois jours où la vie de bureau s'arrête. Il faut prendre congé.

Ça coûte aussi -- certains diront "c'est pas donné", mais franchement, il faut arrêter. Si on s'y prend à l'avance et qu'on achète le billet "early bird" à l'ouverture de la billetterie, et qu'on considère tout ce que ces trois jours peuvent apporter... ce n'est pas si terrible que ça -- lire mon appel encourageant les gens à venir à Lift08 et cet article fort sympa de la Tribune de Genève.

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D'après mes calculs, Lift13 devrait avoir lieu autour du 20 février. Faites déjà une note dans votre agenda, et mettez-en une autre en août vous rappelant d'aller voir sur le site si la billetterie est ouverte (l'an dernier c'était le 1er septembre).

La matière couverte par Lift est vaste. Toutes les interventions sont ensuite mise à disposition en ligne -- abonnez-vous au podcast pour vous faire envie en attendant la prochaine édition.

Plus qu'une conférence sur la technologie, Lift est une conférence sur notre société et l'innovation. Fascinant quel que soit votre domaine professionnel. Et il faut, justement, s'oxygéner en ouvrant un peu ses horizons.

Autre occasion de prendre un bol d'air frais cérébral, le StartupWeekend Lausanne, qui a lieu ce week-end (dès vendredi soir) au Rolex Centre à l'EPFL.

Nul besoin d'avoir envie de démarrer une startup pour y participer: ça peut être aussi simplement l'occasion de tester des idées, de créer quelque chose, de travailler en équipe, de jouer avec des compétences que l'on n'utilise peut-être pas ou peu dans son quotidien professionnel (ou autrement).

Ce n'est pas juste pour les développeurs ou les entrepreneurs: les profils "non techniques" y ont aussi leur place. Personnellement, en m'inscrivant, je ne savais pas quoi indiquer pour mon profil. Pas grave! J'ai mis "autre" et je comprendrai peut-être mieux ce que je fais (qui je suis?) après 54 heures intenses passées à tenter de donner vie à une idée.

En rapport, lire sur CTTS Blogging in the Morning: Lift12, 3615, StartupWeekend.