Piques-niques de la Muse, aussi à Lausanne

Ceux d'entre vous qui lisent Climb to the Stars se souviendront peut-être qu'il y a deux ans environ, j'ai prêté main-forte à l'équipe de la Muse pour le démarrage de leur espace coworking à Genève. J'avais eu ainsi l'occasion de participer plus d'une fois aux fameux piques-niques du lundi midi, où se retrouvent habitués et nouveaux venus, réunis par des projets entrepreneuriaux et un esprit de partage. Les piques-niques de la Muse ont maintenant aussi lieu à Lausanne, le mardi midi. Si le côté réseautage du coworking vous inspire, que vous cherchez des contacts pour faire avancer vos projets, je vous encourage vivement à y prendre part.

Tuyaux pour mettre des priorités quand on est sous l'eau

Ça arrive. On n'est pas trop sûr comment, mais on se retrouve à nager, option tuba et palmes, avec une liste de choses à faire longue comme le bras et pas de temps pour souffler. On ne sait plus où donner de la tête. Voici quelques pistes pour vous aider lorsque de telles périodes se présentent.

  • Tout d'abord, facturer. Si l'on a des factures à envoyer, c'est la première chose à faire: l'argent met du temps pour rentrer, et quand on attend d'avoir besoin de cet argent pour se dire "oups, faut que j'envoie mes factures" on est déjà face à plusieurs semaines de soucis financiers.
  • Ensuite, ça se complique -- mais on se sent en général tout de suite mieux après avoir pu envoyer quelques factures. Mais disons qu'en deuxième ligne on a: (a) le travail payé (b) répondre aux demandes de clients potentiels. Là, ça dépend depuis combien de temps ça attend, et si on peut le faire rapidement ou non. C'est pas bien de faire attendre les clients potentiels trop longtemps, mais en même temps il faut pas faire attendre les clients actuels non plus! Mais c'est entre ces deux que ça se joue.

Voici quelques autres critères utiles que j'aime bien:

  • Est-ce qu'une tâche est "time-sensitive"? Par exemple, si je dois annoncer un événement, et que je repousse à la semaine prochaine, ça risque d'être trop tard. Donc, s'il y a un élément "temps" en jeu, ça fait grimper la tâche en question dans la liste des priorités.
  • Est-ce que quelqu'un attend que je fasse ça pour pouvoir avancer? Si le fait que je ne fasse pas quelque chose empêche quelqu'un de travailler, ou a besoin de mon retour pour prendre une décision, c'est aussi une tâche qui va grimper en tête de liste.
  • Quelles sont les conséquences si je ne le fais pas? Question utile. Par exemple, si je ne fais pas mes paiements aujourd'hui, quelle sera la conséquence? Si je ne renvoie pas ce contrat aujourd'hui, quelle sera la conséquence? Quels ennuis vais-je m'attirer? Plus les ennuis sont grands, plus on va prioriser la tâche.

Une autre méthode que j'utilise quand vraiment je me noie, c'est la "cringe-list". Je prends une feuille blanche et j'y déverse la liste des choses qui me font le plus frémir -- qui me stressent le plus -- et j'essaie de commencer par là.

Ce n'est pas le cas pour tout le monde, mais quand je suis stressée j'ai tendance à tomber dans la paralysie, donc dégager une ou deux tâches stressantes me détend souvent assez pour que je puisse aborder plus sereinement ce qui reste.

Une autre chose que je fais quand je n'arrive pas à décider par quoi commencer (faire mes paiements? écrire un article? avancer sur mon gros mandat?) c'est que je passe un temps déterminé sur chaque chose. Par exemple, une demi-heure, ou une heure. Comme ça j'avance "partout", et je me libère de la culpabilité de faire une chose au détriment d'une autre. Et en une demi-heure on peut faire pas mal, déjà.

Il y a aussi les conseils basiques-basiques:

  • mettre par écrit les choses à faire
  • faire une liste sous forme de "next actions", immédiatement faisables (=écrire la prochaine action à effectuer, par exemple "appeler le garagiste pour fixer un rendez-vous") et non sous forme de projets (par exemple "réparer la voiture")
  • dormir assez (c'est bon, mais quand on est stressé, on grignote sur les heures de sommeil, et du coup on est moins "en pleine possession de nos moyens" pour gérer le stress ou prendre les décisions difficiles qu'il y a à prendre)
  • prendre le temps de s'organiser, même quand on court
  • quand il y a trop, des fois il y a trop, et il faut annuler des engagements, se retirer, renoncer, dire non: mieux vaut le faire tôt que tard, et tard que trop tard.

Bon courage!

Quand le coworking cesse-t-il d'être du coworking?

Je viens de tomber sur cet intéressant article, "Coworking is Going Big Business" (via @daveg). A sa lecture, je me repose la question qui refait surface environ tous les six mois: qu'est-ce qui fait que le coworking, c'est du coworking? Quelle différence avec un bureau partagé? Et avec un business centre, ou un "centre d'affaires", comme disent nos amis québécois? Quand je regarde les espaces gigantesques dont il est question dans l'article, qui commencent à attirer de grosses entreprises qui y placent leurs employés, je finis par me demander si tout ça a encore quoi que ce soit à voir avec ce que nous faisons à l'eclau.

Tout d'abord, qu'est-ce qui différencie le coworking du bureau partagé "classique" et du business centre? Pour moi, c'est assez simple:

  • Dans le cas du bureau partagé, les frais sont partagés entre les occupants; il y a un nombre de places ou de postes fixes dans le bureau, et on cherche à les remplir pour que la division fonctionne. Quand quelqu'un part, on le remplace. On est dans une logique de sous-location de poste de travail ou de véritable colocation à responsabilité partagée, suivant comment on a choisi de s'organiser.
  • En ce qui concerne le business centre, la différence fondamentale tient dans la nature commerciale du business centre. Il s'agit de gagner de l'argent, d'être rentable. C'est un business. Le coworking, dans son esprit, est très clairement not-for-profit: c'est le côté humain et la qualité de l'environnement qui est l'objectif principal. Un espace coworking peut être rentable (quoique...), mais le souci de rentabilité reste toujours subordonné à la qualité de l'expérience offerte aux coworkers. Je crois fermement que lorsqu'on essaie de rendre le coworking rentable, on court grand risque d'en perdre l'esprit et de finir par gérer un business centre.

Revenons une seconde sur cet "esprit" du coworking. On se souvient qu'à la base, le coworking, c'est une solution "grassroots": des indépendants, las de travailler dans les cafés, se disent: et si on faisait notre propre lieu, où on pourrait travailler, et où d'autres comme nous pourraient aussi, sans casser la tirelire? C'est un élan de pair à pair, avec un esprit d'ouverture.

Maintenant, je trouve très bien que les grosses entreprisent réalisent que mettre des gens dans des cages durant 8h30 chaque jour n'est pas le meilleur moyen de les encourager à être productifs et créatifs. Mais quand on crée un espace qui cherche à attirer ce genre de client, est-ce qu'on est vraiment encore dans la logique du coworking? N'est-ce pas plutôt un business centre inspiré du coworking?

On a par exemple The Hub, un réseau d'espaces sous une même bannière, qui se disent du coworking mais qui, quand on regarde d'un peu plus près, sont gérés comme de véritables entreprises, faisant plutôt penser à des business centres -- avec en plus un soupçon d'exclusivité "nous, on est pas comme les autres" qui frotte à rebrousse-poil l'esprit "on est tous dans le même bateau" du coworking.

Peut-être que je suis une puriste. Il est vrai que je m'intéresse au coworking depuis ses débuts, et que je connais personnellement les deux personnes qui ont popularisé le concept et encouragé une communauté internationale à se former autour. J'ai eu la chance de fréquenter Citizen Space à San Francisco durant l'été 2007, et clairement, c'est ce la philosophie derrière ce modèle qui a influencé ma conception du coworking.

Alors allons-y, je me lance. Voici quelques caractéristiques importantes de ce que je considère être le coworking. (C'est pas normatif, hein -- qui suis-je pour dire ce qu'est ou n'est pas le coworking?)

  • Un mouvement de pairs -- par des indépendants, pour des indépendants (ou travailleurs nomades, géo-délocalisés).
  • Une logique "not-for-profit" (l'argent est un moyen, pas une fin).
  • En priorité un lieu de travail.
  • Une communauté "souple": liens faibles (similaires à ceux entre collègues) la plupart du temps, composition relativement stable mais ouverte.
  • Les coworkers ont chacun leur activité professionnelle propre mais travaillent dans un état d'esprit d'ouverture et de soutien mutuel.

En pratique, du coup:

  • Les gestionnaires de l'espace ont un statut similaire aux membres. Bien sûr, ils ne sont pas au même niveau pour ce qui est de la gestion de l'espace, sauf si cela se fait de façon coopérative ou associative, mais leur statut professionnel est semblable. Du coup, quand gérer l'espace coworking est le "sole business" des gestionnaires, on risque un décalage: l'espace coworking n'est plus "pour moi et les coworkers" mais "pour les coworkers". Ça ne veut pas dire que c'est impossible, loin de là, mais je pense que c'est un pas qui s'éloigne de l'esprit du coworking (=faire un lieu où je puisse travailler avec des gens comme moi).
  • Le rôle de l'argent, je me rends compte, est presque pour moi le critère qui permet de tracer une ligne dans le sable et de dire "ce n'est plus du coworking". Avez-vous réfléchi un peu aux finances d'un espace coworking? Le loyer, ce n'est pas donné. Si on veut rester abordable pour des indépendants (qui en général ne roulent pas sur l'or), il faut déjà un nombre conséquent de coworkers juste pour couvrir le loyer et les frais de base (électricité, internet). Alors imaginez si vous rajoutez un salaire à plein temps là-dedans! Si on veut être profitable, on augmente les prix, si on fait payer plus cher, on va soigner le cadre, mettre une secrétaire à la réception, etc. etc... bref, faire un business centre. De nouveau, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas avoir un "vrai" espace coworking au cadre léché avec quelqu'un à l'accueil, mais... on court le risque de perdre de vue l'objectif premier: offrir à ceux qui travailleraient normalement chez eux ou dans des café un lieu de travail abordable qui rompe l'isolement. Je pense qu'il est quasiment impossible de faire du coworking "profitable" sans en pervertir la nature. La plupart des espaces dont je connais un peu la situation (y compris l'eclau) tournent juste, soit que le loyer est pris en charge par un "sponsor" (université, ville), soit qu'il soit vraiment bas (c'est le cas pour l'eclau), soit c'est l'entreprise (individuelle ou non) du gestionnaire d'espace qui "met la différence", considérant cela comme des "frais de bureau" ou du "budget marketing" indirect (c'était le cas à Citizen Space).
  • Le but premier du coworking, c'est d'offrir de bonnes conditions de travail. Cela vient avec une dimension réseautage et synergies (dès qu'on met des indépendants dans la même pièce, c'est inévitable), et quand on a un espace à disposition, cela ouvre la porte à y organiser des activités communautaires -- ce qui est très bien. Attention cependant à ne pas tomber dans l'excès: quand les coworkers ne viennent plus travailler dans leur espace coworking parce qu'ils travaillent mieux ailleurs, parce que l'espace coworking est trop riche de rencontres, de discussions, d'activités, on a certes créé un environnement stimulant et riche, mais est-ce toujours un espace coworking, si on ne vient plus y travailler?
  • Ce sont les liens faibles qui ouvrent le plus de portes professionnelles. C'est bien cette réalité qui sous-tend l'efficacité du réseautage. Il n'est donc pas nécessaire pour un espace coworking de chercher à créer une communauté forte (le churn est assez important, de plus). Par contre, on va chercher quand même une certaine stabilité et harmonie dans la composition des personnes qui fréquentent le lieu (à la différence du business centre, généralement peuplé "d'inconnus") sans toutefois aboutir à un groupe aussi fort et stable qu'un bureau partagé "normal" (il y a régulièrement des nouveaux arrivants ou des visiteurs/gens de passage).
  • Last but not least, les membres d'un espace coworking sont des entités autonomes. On y trouve régulièrement des micro entreprises, bien sûr, mais l'objectif du coworking n'est pas d'associer formellement les activités professionnelles des uns et des autres. Il y a des synergies, et on croit que le partage, l'ouverture et la collaboration apporte plus que le "secret professionnel". On se rend service mutuellement, sans obligation cependant, comme des gens normaux et sympathiques. Ça crée des liens :-)

Voilà! Cet article est devenu bien long, ce n'était pas mon intention initiale! Je garde donc pour une autre fois mes idées sur ce qui caractérise l'eclau en tant qu'espace coworking. Parce qu'il y en a de toutes les formes et couleurs, des espaces coworking -- chacun est libre de décliner le mouvement coworking comme ça lui chante (et chacun est libre aussi, comme je viens de le faire, de considérer l'adéquation ou non de ces déclinaisons avec sa propre conception du mouvement en question).

Qu'est-ce qui fait le coworking, pour vous? Qu'est-ce qui le différencie des bureaux partagés et des business centres? Est-ce que les "grosses machines" du coworking réussissent à garder l'esprit du coworking, ou est-ce qu'elles le perdent en route? Je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez.

Bienvenue à Tounsi et Safran

Tounsi et Safran sur la boîte de l'eclau.jpg J'en parle depuis longtemps, c'est maintenant chose faite: j'ai adopté deux chats, Tounsi et Safran. Vous les avez peut-être déjà croisés à l'eclau la semaine dernière.

New Cats 158.jpg

La dure vie de chat de l'eclau

Comme vous le voyez, ils prennent très au sérieux leur entraînement pour devenir de bons chats d'espace coworking!

J'ai mis au bureau une petite affiche avec quelques infos, mais voici l'essentiel:

  • Safran va facilement vers les gens, essaie de grimper sur les épaules (ou au moins faire des léchouilles dans l'oreille), mais n'aime pas tellement être caressé (surtout quand ce n'est pas lui qui vient vers vous) et le fait savoir rapidement à coups de dents; s'il bat de la queue, gardez vos distances. Evitez de le porter (ou alors avec grande précaution).
  • Tounsi aime beaucoup les câlins, se laisse parfois emporter un peu et mordille (mais rarement), a tendance à manger un peu trop...
  • sorties: ils sont libres d'entrer et de sortir (fenêtres, portes) sauf indication contraire de ma part
  • tables/nourriture: ils n'ont pas encore appris ce qui se fait ou se fait pas, donc faites bien respecter votre territoire. Ne les laissez pas s'approcher de votre nourriture, et si leur présence sur votre bureau vous gêne, faites-les descendre fermement (et ne leur donnez absolument rien à manger, même pas une miette!)
  • bagarre: ces deux jeunes sont assez turbulents (quoique ça se calme maintenant qu'ils sortent) et ils n'hésitent pas à "se foutre dessus", plus par jeu qu'autre chose. Ne vous laissez pas alarmer, tant que les poils ne se hérissent pas, et que personne ne gronde ou souffle, c'est sous contrôle. C'est en général Safran qui cherche et Tounsi qui a le dessus (c'est le dominant des deux).

Si vous avez des questions n'hésitez pas à me demander -- de même si vous désirez une démonstration de comment gérer un chat qui persiste à vouloir s'asseoir sur votre ordinateur ou mettre le nez dans votre salade!

J'espère que vous aurez du plaisir à côtoyer cette présence féline au bureau, et faites-moi savoir s'il y a le moindre souci. Mais j'espère que tout se passera sans heurts :-)

Donner un bol d'air frais à son cerveau: conférence Lift et StartupWeekend

En plus de prendre des vacances, c'est aussi important de stimuler son cerveau "autrement" pour se redonner de l'énergie et relancer sa créativité. Par exemple, je vais chaque année à la conférence Lift à Genève. Ce n'est pas vraiment des vacances, et pas vraiment du travail non plus. Ça dure trois jours -- trois jours où la vie de bureau s'arrête. Il faut prendre congé.

Ça coûte aussi -- certains diront "c'est pas donné", mais franchement, il faut arrêter. Si on s'y prend à l'avance et qu'on achète le billet "early bird" à l'ouverture de la billetterie, et qu'on considère tout ce que ces trois jours peuvent apporter... ce n'est pas si terrible que ça -- lire mon appel encourageant les gens à venir à Lift08 et cet article fort sympa de la Tribune de Genève.

[tweet https://twitter.com/jcfischer/statuses/172377705990459392]

D'après mes calculs, Lift13 devrait avoir lieu autour du 20 février. Faites déjà une note dans votre agenda, et mettez-en une autre en août vous rappelant d'aller voir sur le site si la billetterie est ouverte (l'an dernier c'était le 1er septembre).

La matière couverte par Lift est vaste. Toutes les interventions sont ensuite mise à disposition en ligne -- abonnez-vous au podcast pour vous faire envie en attendant la prochaine édition.

Plus qu'une conférence sur la technologie, Lift est une conférence sur notre société et l'innovation. Fascinant quel que soit votre domaine professionnel. Et il faut, justement, s'oxygéner en ouvrant un peu ses horizons.

Autre occasion de prendre un bol d'air frais cérébral, le StartupWeekend Lausanne, qui a lieu ce week-end (dès vendredi soir) au Rolex Centre à l'EPFL.

Nul besoin d'avoir envie de démarrer une startup pour y participer: ça peut être aussi simplement l'occasion de tester des idées, de créer quelque chose, de travailler en équipe, de jouer avec des compétences que l'on n'utilise peut-être pas ou peu dans son quotidien professionnel (ou autrement).

Ce n'est pas juste pour les développeurs ou les entrepreneurs: les profils "non techniques" y ont aussi leur place. Personnellement, en m'inscrivant, je ne savais pas quoi indiquer pour mon profil. Pas grave! J'ai mis "autre" et je comprendrai peut-être mieux ce que je fais (qui je suis?) après 54 heures intenses passées à tenter de donner vie à une idée.

En rapport, lire sur CTTS Blogging in the Morning: Lift12, 3615, StartupWeekend.

Il n'y a pas de bonne méthode: il faut varier!

J'ai compris récemment que mon espoir de trouver "la bonne méthode" pour organiser mon temps et mes activités était vain. Il ne faut pas une bonne méthode, mais une palette de méthodes dans sa boîte à outils, et la capacité de choisir le bon outil pour la situation présente. En fonction de la quantité de travail à faire, de son état de stress, de fatigue, de la nature des tâches, et tout simplement parfois de l'âge du capitaine, telle ou telle méthode marchera mieux qu'une autre.

La première fois que j'ai eu l'intuition que si j'alignais les méthodes d'organisation et de productivité les unes derrière les autres, ce n'était peut-être pas parce que je n'avais pas trouvé "la bonne", mais parce que j'avais besoin de changer, c'était en 2009, lors d'une promenade en montagne. (Oui, il faut prendre du temps pour se ressourcer. Oui oui.) J'avais le pressentiment que certaines méthodes marchaient mieux pour moi suivant mon degré de stress.

Mais ça va plus loin: on s'habitue, on se lasse, tout simplement, et à faire trop de la même chose, cela perd de son efficacité. Quand on découvre une nouvelle méthode, l'excitation d'avoir "trouvé la solution" contribue à la rendre efficace. Puis, l'effet magique s'atténue. Ce phénomène a un nom: l'habituation.

Je l'ai découvert en lisant "The How of Happiness" (oui, encore lui!) -- en l'occurrence, c'est ce phénomène qui est responsable de notre résilience en matière de bonheur, aussi bien face aux événements négatifs que positifs. Après un décès, on finit par s'habituer à l'absence. De même, après un événement fort et positif (mariage, nouveau job, déménagement, changement de vie, gagner au loto),  on s'habitue à notre nouvelle situation et celle-ci ne nous procure plus la joie initiale.

"The How of Happiness" fait l'inventaire des activités de la vie de tout les jours qui ont tendance à rendre plus heureux ceux qui les pratiquent. Mais l'enseignement clé, c'est qu'il faut varier: faire chaque jour la même promenade, à la même heure, suivant le même parcours, cela va lui faire perdre de sa saveur. Le remède: varier de temps en temps le parcours, ou l'heure, ou même le lieu. Chercher un équilibre entre une bonne habitude, et donc une certaine dose de routine, et assez de variété pour ne pas s'en lasser.

Ce qui est vrai pour les activités nous rendant heureux l'est à mon avis également dans tout un tas d'autres domaines: variety is the spice of life, comme on dit en anglais.

Et un de ces domaines, c'est la façon dont on s'organise pour travailler. J'en ai fait l'expérience récemment avec la Technique Pomodoro. C'est une excellente méthode, mais je l'ai utilisée exclusivement et à outrance, jusqu'à m'en dégoûter.

Cessons donc de chercher la solution ultime pour s'organiser, et acceptons que nos méthodes vont évoluer avec le temps, et qu'il faut leur garder leur fraîcheur!

Motivation intrinsèque et extrinsèque

Je lis en ce moment "The How of Happiness", livre au titre un peu gnan-gnan mais qui est en fait une très jolie compilation orientée "pratique" de la recherche sur le bonheur de ces dix dernières années. Ça me fait pas mal réfléchir, et ça m'inspire des réflexions, par exemple sur la nécessité de varier aussi bien nos "stratégies de bonheur" que nos "stratégies organisationnelles" et le type d'article sur son blog. La routine, c'est pas bon, on le sait, mais ça s'applique à des parties de sa vie qu'on n'imaginerait pas forcément.

Mais ce n'est pas le sujet de cet article. Une des "activités" présentées dans le livre concerne la poursuite de ses buts et de ses projets. Il y a un commentaire très très intéressant au sujet de la motivation, qui ajoute à mon sens une dimension à ce que Dan Pink nous dit à ce sujet.

Un des critères (parmi six présentés) qui nous permet d'évaluer nos buts et de voir si c'est un but intrinsèque ou extrinsèque. A savoir: la récompense est-elle dans la poursuite elle-même du but, ou bien est-elle extérieure? La recherche montre clairement que c'est la poursuite des buts intrinsèques qui nous rend plus heureux, et non celle des buts extrinsèques (argent, gloire, reconnaissance, etc.)

Bref (comme beaucoup de choses expliquées dans ce livre), ça paraît assez logique: il vaut mieux se concentrer sur des buts dont la poursuite même nous apporte quelque chose, plutôt que l'objectif final uniquement.

Si je vous raconte ça, c'est parce que je crois que c'est un enjeu de taille pour l'indépendant, qui a souvent fait d'une passion son métier, et qui a le choix de diriger son activité professionnelle dans les directions qu'il choisit.

Un des avertissements donnés dans le chapitre sur les buts est le suivant: attention de ne pas transformer une motivation intrinsèque en motivation extrinsèque! L'exemple d'une femme amoureuse de littérature est donné. Elle finit par s'inscrire à l'uni pour assouvir sa passion, mais assez vite, avec les crédits et les notes, elle perd le plaisir qu'elle avait à lire, parce que c'est devenu du travail.

Ça me fait penser à ce phénomène souvent constaté chez les développeurs qui travaillent sur des projets open-source durant leur temps de libre. Souvent, s'ils sont engagés pour travailler sur ces mêmes projets, ils ne tardent pas à en adopter un nouveau durant leur temps de libre, le premier s'étant transformé en "travail" et ayant perdu quelque chose de son attrait en route.

Je vous laisse avec l'expérience rapportée par l'auteur du livre: dans une classe d'enfantine, on laisse jouer librement les enfants, divisés en deux groupes (les enfants aiment tous dessiner):

  • au premier groupe, on dit que s'ils jouent avec des stylos feutres on leur donnera un "Good Player Award" (une récompense attractive)
  • au deuxième groupe, on laisse simplement l'opportunité de jouer avec les stylos

Suite à cette expérience, on note que durant le temps de libre des enfants, ceux qui étaient récompensés pour avoir joué avec les stylos les utilisent par la suite moins que le deuxième groupe. Avec la récompense, on a donc effectivement sapé la motivation intrinsèque de l'activité.

J'avoue que ces deux anecdotes m'ont fait réaliser à quel point cette motivation était fragile, et que l'on a vite fait de tuer le plaisir qu'on a à faire quelque chose en le transformant en gagne-pain. A méditer, et manier avec soin!

Trois ans pour l'eclau, mine de rien!

Comme le temps file! Trois ans déjà qu'on trouait le mur pour donner à l'eclau l'espace qu'il mérite. Trois ans de coworkers, de p'tits dejs, d'apéros, de jellys (pas forcément en même temps). Histoire de fêter ça dignement, et de donner l'occasion aux coworkers du moment de faire un peu connaissance "offline", on organise un petit apéro jeudi soir. Vous êtes bien sûr également conviés si vous voulez venir nous rencontrer.

Merci simplement de vous inscrire sur doodle ou sur facebook!

Liste d'attente

Comment va l'eclau? L'eclau va bien! En fait, l'eclau va tellement bien qu'il y a maintenant une liste d'attente de nouveaux membres. En effet, histoire d'éviter de déséquilibrer complètement la dynamique du lieu, je limite le nombre de nouveaux venus à deux par mois. Premier arrivé, premier inscrit, premier servi. (Et il y a déjà quinze membres ces temps, mine de rien!)

Alors pour le moment, ça va, c'est pas six mois de liste d'attente, mais a priori il faut attendre décembre (ou janvier si je continue à recevoir autant de coups de fil par semaine). Que ça ne vous décourage pas, cependant, cela en vaut la peine!

(La liste d'attente ne s'applique pas aux occasionnels, juste aux membres pleins.)

Important mais pas urgent

Au cours de l'année dernière, j'ai pas mal réfléchi à mettre sur pied à l'eclau des journées "important mais pas urgent" (merci d'ailleurs à Dushan pour les longues discussions que nous avons eues sur le sujet, et qui m'ont aidées à affiner le concept). L'idée aurait été, une fois tous les deux mois par exemple, de définir un thème "important mais pas urgent", par exemple: mettre en place son système de backups, repenser et formaliser son business model, faire sa compta en retard, bosser sur sa présence professionnelle en ligne...

Et là, je trouve sur le blog de Valérie Demont (diplômée de la première volée de la formation SAWI, en passant!) un petit article où elle explique que la grille urgent/important est à la base de sa façon de s'organiser.

Du coup, j'ai de nouveau envie d'organiser ces journées "IMPU" à l'eclau, sauf que j'ai comme toujours déjà beaucoup de pain sur la planche.

 

"Boucler" -- les micro-délais quand on est maître de son temps

Un des effets de bords très intéressants de mon utilisation de la technique pomodoro (voir mes articles de juin et de juillet à ce sujet) c'est que je passe moins de temps à faire certaines choses. Quand on est maître de son temps, et que comme moi on aime faire les choses bien, on prend le temps de les faire. Tant pis s'il faut passer 2h sur un e-mail. Alors, c'est pas mal, parce qu'on évite de stresser pour finir, mais ça veut aussi dire que des fois on passe plus de temps qu'il n'en faudrait à peaufiner chaque chose que l'on fait.

Bien sûr, il y a les "gros délais", qui font qu'on se retrouve à travailler des fois le dimanche ou tard dans la soirée (le moins possible, on espère), mais dans l'ensemble, la plupart de mes journées sont assez cool. Et là, je ne suis pas aussi efficace que je pourrais.

Alors mes tomates, elles m'aident, parce que quand j'ai prévu 1P(omodoro) pour écrire un e-mail, et que je vois arriver la fin des 25 minutes ("bon sang! plus que 3 minutes!") j'avoue que ça m'encourage à donner un coup d'accélérateur pour boucler plutôt que de repartir dans une deuxième tomate.

Du coup, je me retrouve de plus en plus souvent à "faire en sorte" que ma tâche tienne dans le temps imparti. Ça ne marche pas toujours (des fois je découvre que ce n'était pas une mais trois tomates qu'il me fallait), mais régulièrement, j'évite de m'éterniser sur des activités qui se diluent avec le passage du temps.

Vacances pour casser le rythme

Je rentre d'une semaine de vacances et sur le chemin du retour, je réfléchissais à ce qui rendait les vacances "efficaces". Un des intérêts du dépaysement et de partir de chez soi pour les vacances, c'est qu'on casse le rythme. (Non, je ne suis clairement pas la première à faire ce constat, mais ça vaut la peine de le rappeler.) Pour casser le rythme, rien ne vaut des activités inhabituelles. Parce que pour moi, passer la journée sur internet ou à bouquiner (ou même à écrire), c'est une bonne partie de ce qui fait mon travail. Alors que promener le chien avec une amie, passer au motoculteur un lopin de terre, vider une chambre-armoire qui n'est pas la mienne... ça ne ressemble pas à mon quotidien.

Mon activité professionnelle est principalement intellectuelle et relationnelle. Pour mes vacances-récupération, je privilégie donc des activités physiques.

Même hors vacances, voyons à quoi j'aime m'occuper en dehors de mon travail: judo, chant, voile, cuisine, m'occuper de mes plantes...

Les vacances, ça casse aussi le rythme de la journée: heure de lever, rituel de coucher, vérification d'e-mail, cordon ombilical sur Twitter/Facebook. Ça permet de prendre un peu de distance avec sa vie et de regarder les choses autrement.

C'est important, les vacances. Vos dernières, c'était quand?

Horaire d'été: mes 9-12 avec pomodoro et buddy working

En été, tout ralentit. Les gens sont en vacances, il y a moins de demandes, moins de mandats, moins de conférences et d'événements... et en plus, la motivation fond comme neige au soleil devant le beau temps qui s'installe. Ma solution, c'est l'horaire 9-12, couplé cette année à la technique pomodoro dont je viens de vous parler. Et pour booster un peu la motivation, j'y ajoute un grain de buddy working.

Le travail est un gaz: il augmente de volume afin de remplir l'espace (-temps) disponible. Pourquoi passer de longues journées interminables au bureau à ne faire pas grand chose, quand on pourrait compresser tout ça sur quelques heures et avoir l'après-midi de libre?

J'ai découvert que je ne faisais pas beaucoup moins en 3 heures de travail bien concentrée qu'en une journée bien diluée. Alors voilà -- en été je fais comme ça. Et passer trois heures sur quelque chose, même quand on n'est pas motivé, c'est vivable (surtout si l'après-midi de détente nous attend).

Pour donner un peu de punch à mes matinées, je fais deux choses:

  • je prévois de faire 5 pomodoro durant mes trois heures
  • je travaille souvent en tandem avec mon amie Steph (nous avons les mêmes besoins côté motivation et structuration ces temps): on se concerte sur le contenu de nos pomodoros et on les fait ensemble, chattant un peu à la pause (elle est à Londres et moi à Lausanne)

Comme en plus je me trouve dans la situation peu agréable (pour moi) d'avoir pas mal de dossiers "importants mais pas urgents" sur lesquels je dois avancer, j'utilise un pomodoro de temps en temps pour planifier: je regarde les jours à venir où je serai au bureau, combien de pomodoro sont disponibles, et je décide à l'avance à quoi je les consacrerai.

Il va sans dire qu'il m'arrive aussi des fois de travailler l'après-midi en plus des 9-12 -- mais si j'en ai ras-le-bol je ne m'y oblige pas. Par contre, mes 9-12, je m'y accroche!

La technique Pomodoro

Grâce à Delphine, j'ai découvert il y a quelques jours la technique Pomodoro. En quelques mots:

  • une minuterie (pas forcément en forme de tomate)
  • 25 minutes de travail concentré, 5 minutes de pause
  • une grosse pause tous les quatre Pomodoro
  • planifier les tâches de la journée à l'avance
  • une méthodologie pour gérer les interruptions
  • un système de reporting
  • méthode super low-tech (papier/crayon) et très simple

J'ai imprimé le ebook gratuit et l'ai mis à l'eclau pour consultation, mais vous pouvez aussi en lire plus en ligne (en français cette fois...) -- essayez et faites-moi part de vos expériences! (J'ai commencé et je suis contente.)

Visiteurs et anciens membres: cogitation à clavier ouvert

Je me permets de partager avec vous quelques réflexions au sujet de la formule "visiteurs" de l'eclau. J'aime beaucoup la formule, elle fonctionne, mais je trouve que le nom prête à confusion. En effet, quand on vient "visiter" l'eclau (pour voir si on veut devenir membre) on n'est pas un "visiteur" -- mais en fait on en est un. Vous voyez le problème? Du coup je cherche un autre nom pour la formule "visiteur". J'ai pensé à "intermittent" mais je trouve un peu lourd. Quelque chose qui véhicule l'idée de non-régularité (pour mémoire, les "visiteurs" paient 20.- de frais d'inscription et ont ensuite accès à la liste de discussion e-mail de l'eclau, et peuvent venir jusqu'à trois fois par mois -- contribution libre -- sans pour autant avoir la clé).

Aussi, je me demande si les anciens membres devraient directement bénéficier de ce statut (donc, ils restent sur la mailing-liste et peuvent venir de temps en temps), ou bien s'ils doivent se réinscrire comme visiteurs.

Bref, c'est un peu compliqué dans ma tête. Qu'est-ce que vous pensez, vous?

Compter ses heures, mais pour soi-même

J'ai déjà expliqué longuement pourquoi je ne facture pas à l'heure. Tout d'abord, il y a le côté fastidieux de "noter ses heures", et d'être du coup moins libre dans sa distraction ou l'alternance des tâches. Mais surtout, le problème réside dans la relation client qu'instaure la facturation à l'heure. Ce qui compte pour le client, c'est ce qu'il va payer -- et non pas le temps que vous avez passé à travailler. Le temps, comme indépendant, c'est votre affaire. Depuis quelques mois, cependant, je pense régulièrement à compter mes heures. Pas pour mes clients, mais pour moi. Je ne suis pas une grande pro de la gestion du temps. Même si j'ai fait des progrès en la matière ces vingt dernières années, j'ai toujours pas mal de peine à évaluer combien de temps va me prendre une tâche. Et je sais qu'un moyen d'améliorer sa gestion du temps c'est de prendre conscience du temps que prennent les choses qu'on fait.

Je l'ai fait, dans le passé, version light:

  • une première fois, lorsque j'étais employée Orange, j'ai commencé à tenir un mini-blog style "journal de bord" de ce que j'accomplissais dans ma journée, parce que j'avais l'impression de stagner dans mon projet; c'est là que j'ai découvert que répondre à un e-mail, eh oui, ça pouvait prendre bien une heure, suivant les cas!
  • une deuxième fois, fin 2009, quand j'ai commencé à essayer de planifier mes semaines, après avoir atteint le stade où j'arrivais assez bien à évaluer ce que j'arrivais réalistement à faire dans une journée.

free time trackingAu début de ce mois, j'ai fait un pas de plus, avec les encouragements de mon amie Suw: j'ai installé un logiciel de "time tracking" très agréable à utiliser, Paymo. Paymo est gratuit. On s'inscrit, on définit des clients et des projets (même des tâches si on veut aller plus loin, mais là, franchement, c'est trop pour moi), et on télécharge le widget pour dashboard OSX.

Paymo Dashboard Widget (OSX)C'est ce widget qui rend vraiment les choses simples: on le fait apparaître avec la touche F12, on sélectionne son projet, on clique sur go, et on bosse. On peut après corriger ou rajouter des segments travaillés, si on a oublié de mettre la machine en route.

Facile et pas prise de tête. Pour ne pas me prendre la tête, justement, j'ai créé deux clients un peu bidon: "moi" et puis "conférences, formation, coaching" -- cette dernière catégorie a un sens pour moi car ces clients sont souvent des "one-off" avec lesquels je ne bosse qu'une fois. Inutile de créer une entrée par client, du moment que je n'utilise Paymo que pour mon édification personnelle et pas pour ma facturation. (Oui, Paymo permet de faire un tas d'autre choses à côté de compter le temps, mais je choisis d'ignorer superbement tout ça pour me concentrer sur l'essentiel.)

Le client "moi", c'est celui qui encaisse les heures non facturables: administration, compta, networking, chat, blogging, et compagnie.

Je me réjouis de voir à quoi je passe mon temps, du coup!

Réseauter n'est pas vendre

Montréal, il y a une dizaine de jours. J'ai le privilège d'aller manger un morceau (chez Magnan!) avec Lise Cardinal, que je connais un petit peu après s'être croisées quelques fois à l'occasion d'une table ronde (ou autre) du côté de chez Rezonance. Bref, si vous ne la connaissez pas, sachez que Lise est incontournable si on s'intéresse un tant soit peu au réseautage. On a parlé de choses et d'autres, mais aussi bien sûr de nos activités et intérêts respectifs, et Lise a dit à un moment donné quelque chose qui s'est immédiatement imprimé de façon indélébile dans mon cerveau: "pour la plupart des gens, réseauter c'est faire de la vente" (je paraphrase de mémoire, hein, l'impression dans mon cerveau s'est probablement munie d'une couche d'interprétation.

Et vlan! La voilà, la clé pour exprimer ce qui me dérange (à me hérisser le poil) chez certains "réseauteurs"! Réseauter, c'est approcher l'autre dans le but de véritablement créer une relation. "Se faire un ami." Se demander ce qu'on peut faire pour cette personne, et non pas comment cette personne nous permettra d'atteindre nos objectifs. Donner, et non pas prendre.

On mise sur la relation, avec la confiance que sur le long terme, c'est sur le terrain de toutes nos relations que pourront fleurir des relations d'affaires, du business.

Alors voilà: quand vous cherchez à "faire des contacts", visez de faire connaissance, d'être tourné plus vers l'autre que sur vous-même. Si vous débarquez cartes de visite à la main en vous demandant à qui vous allez bien pouvoir vendre une assurance ou un mandat, c'est perdu d'avance, et votre présence à l'apéro ou à la soirée sera perçue comme un gros cheveu vendeur-marketeur sur la soupe.

Les mandats qu'il vaut mieux ne pas avoir

Pas toujours facile à accepter: il y a certains mandats sans lesquels on se porte mieux. Surtout quand les temps sont un peu durs (ils le sont toujours un peu) on se voit mal dire non à un client prêt à signer et à payer. Pourtant, certains mandats sont des cadeaux empoisonnés. Oui, on se retrouve avec 1000, 5000, ou 10000 CHF de plus dans le compte en banque. Mais à quel prix? Etre payé 1000.- pour 10000.- de travail, ça n'en vaut pas la peine -- même si on a terriblement besoin des 1000.- en question.

Trop bas payé, il vaut mieux laisser le champ libre afin d'être ouvert à d'autres opportunités. Sinon, on court le risque d'être trop occupé à se faire payer des clopinettes quand arrivera le client prêt à payer 1500.- pour... 1500.- de travail.

Il n'y a pas que la charge de travail effective: combien le mandat va-t-il coûter en stress? En temps de gestion client? Est-ce qu'on va passer ses week-ends à angoisser parce que la relation est tendue?

Alors il faut trier. J'ai des systèmes en place pour m'aider à détecter les clients présentant un risque important, par exemple (j'en parlerai à l'occasion). Avec les années, j'ai appris qu'effectivement, il y avait des mandats qu'il valait mieux perdre (voire refuser!), même quand j'avais besoin de l'argent en question. Version romanesque: mieux vaut libre et sans le sou qu'en servitude pour trois pièces d'argent.

Mais malgré tout, je trouve toujours difficile à mettre en pratique. Et même quand on n'est pas (plus) sur la paille, face à l'abondance d'opportunités à plus forte raison, la question se pose toujours: quels sont mes critères pour prendre ou refuser un nouveau mandat?

Le passage à vide de l'indépendant

J'ai ma petite théorie quant à l'évolution du "business" de la personne qui se met à son compte. Au départ, toutes les personnes de notre entourage qui auraient besoin de nos services se jettent sur nous. Aussi, c'est frais, c'est excitant, tout le monde autour de nous est au courant qu'on s'est "mis à son compte", et le travail n'est pas trop dur à trouver -- surtout dans le cas de l'indépendant qui a transformé sa passion (pour laquelle il était déjà certainement reconnu dans son entourage) en métier.

Puis vient le moment où ce réseau immédiat est épuisé. Toutes les personnes aisément accessibles qui avaient besoin de nos services y ont eu accès.

Passage à vide.

Dans mon cas, ça a commencé environ un an après mon grand saut dans la vie indépendante, et ça a duré environ 18 mois.

En discutant autour de moi, j'ai l'impression qu'on passe tous un peu par là. Ça passe ou ça casse. Ça passe si le bouche a oreille prend assez de vitesse pour atteindre la vitesse de libération du réseau immédiat (désolée pour l'analogie orbitale).

Vous avez connu ça?